Tout commence par une promesse brisée et une nouvelle promesse émise. Mon père avait brisé sa promesse de fidélité envers ma mère qu'il avait formulée au mariage. Il l'avait trompé, le schéma type du patron et de sa secrétaire âgée de sept ans de moins que lui. Ma mère fut dévastée quand elle apprit la nouvelle et naquit en elle une haine profonde pour mon géniteur, qu'elle me transmit, du haut de mes sept ans. Elle me fit faire la promesse de ne jamais faire confiance aux hommes, quel qu'il soit, de ne jamais m'autoriser à aimer un homme, qu'il me trahirait comme mon père nous avait trahis, qu'elle en mourrait si je la quittais pour un homme dont je serais tombée amoureuse, qu'elle mourrait sur-le-champ. Ne voulant en aucun cas la voir mourir bien entendu, je lui en fis la promesse avant de la prendre dans mes bras, elle me sourit et caressa mes boucles blondes, semblant apaisée. Etant une petite fille candide, qui trouvait alors les garçons trop bagarreurs et stupides, je pensais naïvement que cette promesse serait des plus simple à tenir. Jamais je ne pourrais aimer un homme plus que je n'aimais ma mère, à cette époque tout cela me semblait tout bonnement invraisemblable, alors je faisais cette promesse bien loin de me douter de ce qu'elle m'apporterais dans ma vie future. Si je pense aujourd'hui à cette promesse c'est que j'ai du la tenir aujourd'hui pour mon plus grand malheur.

Aujourd'hui c'est le bal de promo. La dernière année de high school, enfin! J'ai mon cavalier, il est parfait, attentionné, a fait sa demande en vrai gentleman et a réservé une limousine pour ce soir, il fait ça dans la tradition et c'est vraiment craquant. Ça fait trois mois que nous sommes ensemble, et j'en suis amoureuse. J'ai invité ma meilleure amie Ashley à venir se préparer pour le bal chez moi. Tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes. J'enfile ma robe de princesse, Ashley m'aide à la fermer, je fais de même. Je commence à me maquiller quand ma mère toque à la porte puis entre dans la chambre. Ma chérie, tu veux bien venir avec moi trente secondes, il faut que je te parle. J'acquiesçai d'un signe de tête avant de m'excuser auprès d'Ashley et rejoint ma mère dans le couloir. Mon bébé, tu te souviens de la promesse que tu m'as faite quand ton père nous a quitté? Bien sûr, je m'en souvenais, cependant, je ne voyais pas, bien naïvement encore, où celle-ci voulait en venir. Je me contentais donc de faire un signe de tête de consentement, ce après quoi elle poursuivit. Mon ange, je sais que tu crois que ton cavalier est différent, mais il ne l'est pas, je veux que tu le quittes sinon il te fera souffrir. Elle vit que j'étais prête à l'interrompre c'est pourquoi elle ajouta. Je ne te demande pas de me croire sur parole, mais tu sauras que j'ai raison si ce soir, à la fin du bal, il te propose d'aller à un after dans un hôtel, il couchera avec toi, et puis il e plaquera quelque temps après comme tous les autres, promets-moi de refuser et de le quitter s'il le fait, s'il te plaît, j'en mourrais si tu ne le fais pas. J'étais perplexe, je ne voulais pas avoir la mort de ma mère sur la conscience, cependant, je tenais à mon copain, je ne pouvais pas le quitter pour faire plaisir à ma mère... De toute façon, il ne ferait pas ce que ma mère disait qu'il ferait, il était différent. Il ne le fera pas, alors je peux bien te le promettre pour apaiser ton coeur maman chérie, ça te montrera qu'il est différent et tu l'accepteras j'en suis sûre. Elle déposa un baiser sur mon front et me souris, je retournais me préparer pour ce que j'espérais être la soirée de ma vie.

Le dernier slow avait pris fin. J'avais passé une soirée, comment dirais-je, magique, merveilleuse, splendide, de rêve. Comme vous voulez. On sortait de la salle de bal, j'étais encore dans l'euphorie du moment, j'étais heureuse, main dans la main avec mon cavalier prête à rentrer chez moi, pour ne plus penser qu'à ça et faire nuit blanche avec Ashley à s'extasier devant la soirée qu'elles avaient passée. Ashley l'attendait au loin, tandis que Jazz faisait ses au revoir à son copain. Hey...hm... ça te dirais de... je sais pas... aller à l'hôtel avec moi... pour passer du temps tout les deux j'ai pas envie que la soirée se finisse. Je repensais à tout ce que ma mère m'avait dit, à la promesse que je lui avais faite, elle avait raison finalement, j'avais été naïve, de croire qu'il pouvait être différent, je voulais y croire, quelle idiote. Je baissais les yeux. Il parut confus, me pris la main. Je n'osais relever les yeux tandis que je lui assenais. Je suis désolée, nous deux c'est fini. Je lâchais sa main et m'éloignais en courant vers Ashley, en pleurs. Elle ne comprenais pas ce qu'il se passait, je ne voulais rien en dire, tout ce que je parvint à dire, fut un On y va, tremblant. Nous montâmes dans la Mini d'Ashley et rentrions chez moi. Comme on pourrait s'en douter, la fin de soirée ne fut aussi merveilleuse que ça l'était prévu au départ. On passa nuit blanche à manger de la glace en pyjama et à pleurer devant des films romantiques à la noix. Je m'en voulais tellement de l'avoir cru comme une idiote, je voulais croire qu'il était sincère quand on parlait d'attendre. Je m'étais visiblement mis profondément le doigt dans l'oeil. À la fin de l'année, je décidais de changer mes plans et de prendre des cours universitaires par correspondance au lieu d'aller à l'université où nous devions aller tous les deux et je travaille pour me payer mon appartement au-dessus du disquaire, ne supportant plus de voir le sourire triomphant de ma mère, voyant que je me morfondais après ma rupture. Je me devais maintenant de voler de mes propres ailes, enfin.